Prévention

Cancers de l’ovaire

Mise à jour de l’article : 1-1-2016

Les cancers de l’ovaire sont les plus fréquents chez la femme, après les cancers du sein, du gros intestin et du col de l’utérus.

La chimiothérapie anticancéreuse qui permet de traiter ce type de cancer a réalisé de très importants progrès depuis ces 25 dernières années, grâce en partie aux travaux de l’ARTAC.

Les cancers de l’ovaire peuvent survenir à tout âge, avant ou après la ménopause. Leur diagnostic a d’autant plus de chance d’être précoce que la personne concernée est suivie régulièrement par un gynécologue. La découverte de ces cancers a souvent lieu à l’occasion de motifs de consultation les plus divers : douleurs pelviennes, troubles des règles quelqu’en soit le type, problème de stérilité, réalisation systématique de frottis cervico-vaginaux, examen gynécologique effectué pour un renouvellement d’ordonnance de pilule contraceptive, etc.

Il existe cependant un symptôme évocateur : l’existence d’un saignement anormal (métrorragie) survenant inopinément entre les règles, c’est à dire avant leur date présumée d’apparition, ou encore après la ménopause.

Même s’il est minime, un tel saignement doit impérativement vous conduire à consulter un gynécologue. S’il survient après la ménopause, votre gynécologue doit impérativement vous prescrire des examens complémentaires.

Dans tous les cas, c’est au gynécologue qu’il appartient de faire le diagnostic, grâce à l’examen gynécologique et à la réalisation d’une échographie pelvienne. Au tout début, la découverte d’un kyste à l’ovaire, s’il est unique et persiste malgré les règles, doit être considéré comme organique et donc conduire dans tous les cas à son ablation par chirurgie. Ainsi, bien qu’il puisse se révéler être très souvent bénin et s’il apparaît hétérogène à l’échographie, un tel kyste peut être un cancer de l’ovaire débutant. Plus le diagnostic est précoce et plus vos chances de guérison sont élevées.
Il ne faut donc pas attendre que surviennent d’autres symptômes, tels que l’apparition de liquide dans le ventre (ascite), ou même l’existence de troubles du transit intestinal (constipation et/ou diarrhée) pour que vous consultiez, car ces symptômes traduisent déjà l’évolution de la maladie.

Le diagnostic d’un cancer de l’ovaire est toujours chirurgical. En effet, étant donné que les ovaires sont situés profondément dans le petit bassin (pelvis), et qu’en cas de cancer de l’ovaire, le kyste peut se rompre et disséminer dans la cavité pelviabdominale, seule l’intervention permet d’explorer la totalité de cette cavité et de réaliser l’ablation de l’ovaire atteint (ovariectomie). Il est récurrent de vérifier si le kyste est intact ou rompu. S’il existe déjà du liquide dans le ventre (ascite), il faut prélever ce liquide pour une analyse cytologique, réaliser des prélèvements biopsiques au niveau des différents territoires de la cavité pelviabdominale et surtout décider du type d’intervention.

En effet, c’est grâce à l’analyse au microscope de la totalité de la pièce opératoire et des différents prélèvements qui ont été réalisés, que l’anatomopathologiste établit le diagnostic de cancer de l’ovaire et précise son extension.

Le chirurgien est au tout début le maître du jeu. En effet, c’est de la qualité de l’exérèse tumorale qu’il réalisera que dépendent en grande partie vos chances de guérison. Il est donc essentiel que vous fassiez appel à un chirurgien ayant une grande expérience, non seulement des cancers de l’ovaire, mais aussi de la chirurgie viscérale, en raison d’une possible extension de la maladie à l’abdomen. Pour cela, il est primordial que vous soyez utilement conseillés par votre médecin traitant et votre gynécologue. Mais l’avis d’un cancérologue (oncologue médical) doit aussi être pris le plus tôt possible, car c’est à lui qu’incombe la responsabilité de fixer l’ensemble du programme thérapeutique. Il peut vous conseiller utilement sur le choix du chirurgien.

Le chirurgien prend le plus souvent immédiatement connaissance de la maladie, car l’extension éventuelle de celle-ci est en elle-même un argument suffisant pour le diagnostic. Néanmoins, en cas de doute, lorsque la maladie est purement localisée à un ovaire, celui-ci peut demander à l’anatomopathologiste d’analyser sur le champs, c’est à dire en préopératoire, l’ovaire qu’il a retiré ou même un autre prélèvement biopsique. Le résultat de l’examen extemporané réalisé aussitôt par l’anatomopathologiste lui sera alors communiqué, ce qui permettra au chirurgien de décider du type d’intervention à effectuer.

Sauf cas particulier d’une femme jeune, désireuse d’avoir des enfants, l’intervention standard comprend :

  1. l’ablation de l’utérus et des trompes (hystérectomie)
  2. l’ablation du deuxième ovaire (deuxième ovariectomie) l’ablation d’un ligament particulier, appelé ipiplom (hystérectomie) car ces différents organes sont très souvent atteints, même s’ils sont apparemment normaux.
  3. l’ablation de toutes les néoformations tumorales décelables dans la cavité pelviabdominale, au cas où le cancer est déjà étendu au péritoine.

Le chirurgien doit en outre réaliser systématiquement de multiples prélèvements biopsiques, au niveau du foie, des coupoles diaphragmatiques, des ganglions etc. afin que l’anatomopathologiste puisse préciser dans un second temps l’extension de la maladie. Au terme de l’intervention, le chirurgien doit surtout préciser le siège, le nombre et la taille des néoformations tumorales résiduelles, c’est à dire celles qu’il n’aura pas pu extirper.

La question se pose si vous avez moins de 35 ans et si vous désirez avoir des enfants. La réponse dépend de trois facteurs :

  1. si vous avez déjà eu ou non des enfants ;
  2. si votre désir d’avoir un enfant est primordial pour vous et votre conjoint ;
  3. si la maladie est étendue ou non. De ces trois facteurs, c’est le troisième qui est sans nul doute, le plus important à considérer.

Si la maladie est purement localisée à un ovaire, si celle-ci est dans le kyste, et si celui-ci n’est pas rompu, autrement dit, si le diagnostic a été porté très précocement, vous pouvez, après en avoir parlé avant l’intervention à votre chirurgien, lui demander qu’il conserve le deuxième ovaire et ne fasse pas d’hystérectomie. Mais tout cela dépend en réalité de ce qu’il observera lors de l’intervention. De toute façon, si une telle conservation a lieu, il faudra impérativement que vous soyez suivie très régulièrement par votre gynécologue et votre chirurgien. Dans tous les autres cas, c’est à dire lorsque la maladie n’est pas localisée à un seul ovaire, et cela malgré votre désir d’enfant, il faudra se résoudre à l’intervention classique, car si tel n’était pas le cas, votre vie serait en danger.

Avant d’être opérée, vous devez toujours être examinée au plan gynécologique et général et bénéficier des examens suivants :

  • une prise de sang pour le dosage d’un marqueur appelé CA 125
  • une échographie pelvienne et abdominale et
  • un scanner pelviabdominal

De tous ces examens, l’échographie est sans aucun doute le plus important. C’est dire la nécessité qu’elle soit réalisée par un échographiste expérimenté. Ces examens permettront au chirurgien de vous éclairer sur l’extension de votre maladie et sur le type d’intervention qu’il compte réaliser. Cependant, c’est le plus souvent à la fin de l’intervention, que vous serez avertie à la fois du diagnostic, de l’extension de votre maladie et de l’importance de l’intervention réalisée.

La réponse est clairement oui. Car la chirurgie et la chimiothérapie sont les deux armes essentielles du traitement, et toute chirurgie initiale de mauvaise qualité, vous retire des chances de guérison. Ainsi si votre chirurgien ou votre médecin cancérologue (oncologue médical) vous proposent une deuxième intervention, vous devez leur faire confiance. Cela signifie en effet qu’ils auront jugé que l’intervention initiale étant insuffisante, vous risqueriez de récidiver rapidement. Ils fixeront donc avec vous les délais et modalités de cette deuxième intervention. Ainsi dans certains cas, cette deuxième intervention sera réalisée le plus tôt possible après la première intervention, alors que dans d’autres cas, elle sera effectuée après 3 à 6 mois de chimiothérapie néoadjuvante.

La réponse est non, dans l’extrême majorité des cas. En effet, même si vous avez été opérée dans des conditions satisfaisantes, même si le chirurgien pense qu’il a tout retiré, la possibilité que quelques cellules cancéreuses soient restées dans la cavité pelviabdominale impose la mise en œuvre d’une chimiothérapie adjuvante post opératoire. C’est dire la nécessité qu’il y a ici de consulter un cancérologue (oncologue médical), qui seul sera à même de décider du programme thérapeutique ultérieur, et en particulier du type de chimiothérapie à effectuer et de sa durée (6, 9 ou 12 mois). Ainsi pourrez-vous guérir définitivement dans l’extrême majorité des cas.

La réponse est absolument oui. Etant donné que les examens complémentaires précédents ne permettent de surveiller la maladie qu’imparfaitement, il est toujours conseillé de se faire réopérer après 6 mois de chimiothérapie post-opératoire, même si la chirurgie initiale s’est déroulée dans des conditions satisfaisantes. Cette deuxième intervention systématique, appelée second look, est en effet indispensable pour vérifier que votre maladie n’est pas revenue. Et seul ici le chirurgien peut le vérifier.

Cette intervention de second look est d’ailleurs d’autant plus justifiée et nécessaire, que l’extension de votre maladie aura été jugée importante par votre chirurgien lors de l’intervention initiale.

Cette seconde intervention de second look sera en réalité beaucoup moins importante que la première. Le plus souvent, elle ne consistera qu’à observer votre cavité pelviabdominale sans autre geste chirurgical que celui de réaliser des prélèvements biopsiques. Après étude au microscope de l’ensemble de ces prélèvements, les résultats sont tous négatifs, cela signifie que vous n’avez apparemment plus de maladie. Si au contraire, les résultats de certains de ces prélèvements sont positifs, cela signifie que votre maladie est encore présente, mais à un degré très faible. Dans ce dernier cas, il faudra impérativement reprendre la chimiothérapie au minimum pendant encore 6 mois.

Il est primordial de ne pas vous décourager, car la guérison est encore possible. Vous devez consulter immédiatement un médecin cancérologue (oncologue médical), car c’est de lui seul que dépendent vos chances de guérison. Dans ce cas, il faut en effet débuter le plus rapidement possible une chimiothérapie, qui seule permettra de réduire le volume de la tumeur, et donc de vous opérer dans un second temps.

En général 3 à 6 mois de chimiothérapie néoadjuvante préopératoire sont ici suffisantes, compte tenu de la très grande efficacité de la chimiothérapie pour ces cancers. Cependant, compte tenu de l’évolution de la maladie, il est impératif ici dans tous les cas, de reprendre la chimiothérapie après l’intervention et de la poursuivre le plus longtemps possible. En outre, le plus souvent il faudra recontrôler la maladie par une intervention de second look, 6 mois après la première intervention. Les espoirs de guérison sont toujours importants. Mais ici, bien sûr, une surveillance régulière avec votre médecin cancérologue s’impose pendant plusieurs années.

Il convient de ne pas se décourager, car la chimiothérapie des cancers de l’ovaire a fait récemment beaucoup de progrès. En effet, différents traitements de rattrapage sont possibles qui peuvent s’avérer être efficaces. Mais sans aucun doute, vaut-il mieux éviter une telle situation d’échec et pour cela consulter dès le début de la maladie, un cancérologue (oncologue médical) expérimenté, particulièrement spécialisé dans les traitement des cancers de l’ovaire.

La réponse est non. Jusqu’à ce jour, la médecine n’a pu mettre au point des tests suffisamment fiables et discriminants, pour dépister l’existence des cancers de l’ovaire, au tout début. C’est souligner la nécessité lorsqu’on est bien portant, de se faire suivre régulièrement par un gynécologue, car celui-ci est le seul susceptible d’en faire le diagnostic précocement.

La réponse est ici aussi malheureusement non car les causes des cancers de l’ovaire sont dans l’extrême majorité des cas encore inconnues.

La réponse est non, pour l’extrême majorité des cas de cancers de l’ovaire. Dans quelques cas très rares , peut cependant exister une susceptibilité génétique, soit que cette susceptibilité se manifeste par l’apparition de plusieurs cas de cancers de l’ovaire dans la même famille (ascendants, fratrie), soit que les cas de cancers de l’ovaire soient associés à des cas de cancers du sein, ou même à l’existence chez les mêmes personnes d’un cancer de l’ovaire et d’un cancer du sein (syndrome sein-ovaire). Dans de tels cas, il faudra donc faire une enquête généalogique précise et des tests génétiques. Il faudra donc en parler à votre cancérologue, afin qu’il vous adresse, ainsi que vos filles et/ou sœurs, à une consultation de conseil génétique.

Ainsi chez les personnes présentant une telle susceptibilité génétique au cancer, on pourra être amené, dans certains cas, à faire préventivement une ovariectomie bilatérale, afin d’éviter la survenue de ce cancer.