Avancées thérapeutiques

L’ARTAC est une association indépendante de médecins et de chercheurs, spécialisée dans l’étude biologique, thérapeutique et clinique des cancers.

C’est la seule association française de lutte contre le cancer à promouvoir une prévention environnementale. Son caractère scientifique fait que l’ARTAC est reconnue d’intérêt général. Fondée en 1984 par le Pr. Belpomme, elle place au cœur de son intérêt la guérison des malades ainsi que la protection des femmes enceintes et des enfants.

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Les cancers gynécologiques

Dans cette rubrique, vous trouverez les avancées en cancérologie 2O22 et plus exactement les résumés des différents essais thérapeutiques en cours aboutissant à des résultats significatifs et à des changements de pratique, résultats présentés à L’ESMO en septembre 2022.

Cancer du col utérin

Il s’agit ici de mettre en avant les résultats de l’étude de phase III évaluant le Cemiplimab contre une chimiothérapie au choix de l’investigateur chez des patientes atteintes de cancer du col avancé en rechute après Platine quel que soit le statut PD-L1 tumoral.

Le Cemiplimab (Libtayo) est un anticorps monoclonal entièrement humain qui se lie au récepteur « de checkpoint immunitaire » PD-1 (récepteur-1 de mort cellulaire programmée) sur les lymphocytes T. Sa liaison au récepteur PD-1 permet d’empêcher les cellules tumorales d’emprunter le voie PD-1 et donc d’inhiber la fonction des lymphocytes.

Pour les cancers épidermoïdes : amélioration de la survie globale médiane est de 10,9 mois (Cemiplimab) contre 8,8 mois pour la chimiothérapie.

Pour les adénacarcinomes et les carcinomes adénosquameux, la survie globale médiane est de 13,5 mois (Cemiplimab) contre 7 mois pour la chimiothérapie.

Il est à noter que l’amélioration de cette survie globale est obtenue quel que soit le statut PD-L1.

Pour rappel, le cancer du col de l’utérus, quatrième cause de décès par cancer chez la femme dans le monde, est le plus souvent diagnostiqué entre 35 et de 44 ans. Presque tous les cas de cancer du col de l’utérus sont causés par une infection génitale provoquée par les souches oncogènes du papillomavirus humain ; environ 80 % des cancers du col de l’utérus sont des carcinomes épidermoïdes (développés à partir des cellules malpighiennes qui tapissent la surface externe du col) le reste étant en grande partie des adénocarcinomes (développés à partir des cellules glandulaires qui tapissent l’intérieur du col de l’utérus). Le cancer du col de l’utérus peut donc être prévenu par la vaccination contre les HPV recommandée chez les filles et les garçons âgés de 11 à 14 ans avec un rattrapage vaccinal possible jusqu’à 19 ans. Cette vaccination permet entre autre de prévenir les infections génitales à HPV à l’origine de 90% des cancers du col de l’utérus.

Comme de nombreux cancers, ce cancer peut être guéri lorsqu’il est détecté tôt et pris en charge efficacement. Néanmoins, à un stade avancé rechute ou métastase), il est difficile à traiter car jusqu’à ce jour, il n’existait aucun médicament de référence approuvé après une chimiothérapie de première intention .

Cette immunothérapie de 2ème ligne (déjà utilisée avec succès dans les cancers épidermoïdes cutanés et les cancers bronchiques non à petites cellules) représente une réelle avancée thérapeutique dans la prise en charge des cancers du col utérin. Néanmoins, rappelons qu’il vaut mieux prévenir que guérir est donc encore une fois il est important d’être vacciné contre les HPV.

Cancer de l’endomètre

Nous présentons ici les résultats de l’étude de phase III KEYNOTE -775

Cette étude a évalué les résultats d’une combinaison d’immunothérapie (pembrolizumab ou keytruda)et d’un anti-angiogénique (lenvatinib ou lenvima) .

Administrée en 2ème ligne de traitement contre une chimiothérapie au choix de l’investigateur (doxorubicine ou taxanes), cette association diminue de 44% le risque de récidive et de 33% le risque de décès.

La survie globale est en faveur du bras lenvatinib + pembrolizumab :18,7 mois contre 11,9 mois (même si certaines patientes du bras chimio ont reçu ultérieurement la double association)

La survie sans progression médiane est de 7,3 mois contre 3,8 mois pour la chimiothérapie.

De plus il est à noter que la toxicité du Lenvima n’est pas négligeable : hypertension (35 % des cas), diarrhées sévères (7% des cas), mais contrairement à la chimiothérapie, ce traitement ne provoque pas d’alopécie.

Enfin ce traitement bénéficie d’un accès précoce depuis mars 2022 et peut être prescrit à toutes les patientes qui progressent ou récidivent après une première ligne de chimiothérapie, que la tumeur exprime ou non le PD-L1 (cible du pembrolizumab) et qu’elle présente ou non une instabilité micro satellitaire (MSI)

Pour rappel, le cancer de l’endomètre est le cancer gynécologique le plus fréquent en France. Diagnostiqué à un stade précoce, il se guérit dans la majorité des cas. A un stade avancé, récidivant ou métastatique, la première ligne de traitement consiste en une chimiothérapie à base de sels de platine. Cette nouvelle combinaison (également utilisée dans le traitement des cancers du rein métastatique) constitue donc belle est bien une réelle avancée thérapeutique dans le traitement des cancers de l’endomètre à un stade avancé.

Cancer de l’ovaire

Pour les cancers de l’ovaire, il y a eu 2 essais de phases III : PAOLA et SOLO1.

Ces 2 études ont rapporté pour la première fois des bénéfices en survie globale pour un traitement per os avec l’Olaparib, dans les cancers de l’ovaire récemment diagnostiqués à un stade avancé

PAOLA 1/ENGOT-ov25 lui évalue l’association Olaparib/Bevacizumab versus le Bevacizumab seul en traitement d’entretien des cancers de l’ovaire ayant répondu à une chimiothérapie à base de Platine + Bevacizumab. Ce dernier traitement qui retarde le délai de progression de la maladie étant actuellement la norme thérapeutique en France.

Dans la population globale, la Survie Globale Médiane est de 56,5 mois avec l’association contre 51,6 mois pour le Bevacizumab seul (HR 0,92, IC95% 0,76-1,12, p=0,4118).

Chez les patientes présentant une déficience de recombinaison homologue (HRD+) et indépendamment du statut de mutation BRCA , la survie globale est améliorée 65,5 % à 5 ans dans le groupe associant Olaparib et Bevacizumab contre 48,4 % dans le groupe Bevacizumab seul.

La Survie sans progression à 5 ans est de 46,1 % pour l’association Olaparib et Bevacizumab contre 19.2 % dans le groupe Bevacizumab seul.

Aucun avantage en terme de survie n’a été observé chez les patientes HRD-.

SOLO 1/GOG-3004 évalue en effet le traitement d’entretien par l’inhibiteur de PARP Olaparib contre placebo chez des patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire avancé avec mutation du gène BRCA.

67% des patientes du groupe Olaparib sont en vie à 7 ans contre 45% des patientes du groupe placebo. 44,3% des patientes de ce dernier groupe ont reçu de l’Olaparib en rechute si elles avaient un statut muté contre 14,6% du groupe Olaparib.

Ces données très significatives invitent à utiliser l’Olaparib en entretien chez les patientes mutées BRCA et nouvellement diagnostiquées pour obtenir une rémission de long terme.

Ces essais montrent la nécessité d’augmenter le nombre de test de dépistage tant pour les mutations BRCA que pour le statut HRD pour sélectionner les patientes pouvant bénéficier de l’ajout de l’Olaparib. En effet, une patiente mutée BRCA sera HRD+, mais toutes les patientes HRD+ ne sont pas porteuses de mutation BRCA.

Par le Dr Anne Langlois, le 04/10/2022