Prévention

Cancers de la vessie

Mise à jour de l’article : 1-1-2016

Les cancers de la vessie sont de fréquence croissante. Ils concernent l’homme et la femme. L’une des causes reconnues en est le tabagisme, mais celui-ci n’explique pas l’augmentation de fréquence actuellement observée.

En réalité, dans la plupart des cas la nature chimique des causes à l’origine de ces cancers ne fait aucun doute, et il est vraisemblable que la survenue de ces cancers soit liée, comme pour les cancers du rein, à la pollution domestique et/ou professionnelle de notre environnement. C’est en effet dans la vessie que se concentre et séjourne l’urine en provenance des deux reins. On comprend aisément que si l’urine contient des produits chimiques cancérigènes, ceux-ci puissent y induire un cancer par simple contact avec la muqueuses vésicale. Cependant, le point essentiel, est qu’à la différence des cancers du rein, les cancers de la vessie, n’apparaissent pas d’emblée. Ceux-ci, comme les cancers du gros intestin (colon) proviennent en effet le plus souvent de la dégénérescence de tumeurs bénignes précancéreuses, appelées polypes.

Ainsi les cancers de la vessie peuvent-il faire l’objet, comme pour les cancers du gros intestin, d’une stratégie de prévention secondaire, grâce au dépistage de ces polypes.

Certains polypes vésicaux n’ont aucune traduction clinique, ce qui explique que dans ce cas, leur découverte puisse être inopinée, par exemple à l’occasion d’un examen d’imagerie (UIV, scanner) réalisé pour un tout autre motif. Mais il est des cas, où l’on doit rechercher de parti pris un polype vésical :

  • lorsqu’il existe des douleurs inexpliquées (brûlures) en urinant lorsqu’il existe des infections urinaires à répétition (cystite)
  • lorsqu’il existe des troubles urinaires, tels que des mictions urinaires irrégulières, avec fausses envies ou encore certaines mictions à clapet, c’est à dire qui s’interrompent brutalement, sans que la cause en soit volontaire.
  • a fortiori lorsqu’il existe du sang dans les urines (hématurie)

Dans tous ces cas, un seul examen est essentiel : la cystoscopie.

La cystoscopie consiste à introduire par l’urètre un tube souple, muni d’un dispositif optique afin de visualiser l’intérieur de la vessie. L’urètre de l’homme est plus long que celui de la femme. Chez l’homme, la cystoscopie sera réalisée le plus souvent après une courte anesthésie générale.

L’intérêt de la cystoscopie est de visualiser directement les polypes vésicaux, d’en apprécier le nombre et le siège et surtout d’en réaliser l’exérèse, lorsque ceux-ci sont accessibles et peu nombreux. Dans tous les cas, on confiera ces prélèvements à l’anatomopathologiste, car celui-ci, après les avoir analysés, pourra confirmer le diagnostic de lésion précancéreuse et d’en préciser le caractère purement bénin ou déjà en voie de dégénérescence cancéreuse.

Le dépistage des polypes vésicaux n’aurait aucun intérêt si ceux-ci ne pouvaient faire l’objet d’une ablation cystoscopique et surtout d’un traitement médical préventif dans le but d’éviter leur réapparition et leur dégénérescence en cancer. De tels traitements existent donc, tels que l’administration intra vésicale de médicaments anticancéreux ou de BCG. Ces administrations intra-vésicales ont généralement lieu en service d’urologie, toutes les 6 semaines environ.

Ils sont couplés à des cystoscopies de contrôle systématiques, qui permettent non seulement d’évaluer l’efficacité des traitements, mais aussi de les compléter par l’ablation des polypes résiduels. De tels traitements préventifs sont efficaces, à condition d’être réalisés régulièrement sous surveillance urologique. Ils permettent souvent, lorsque les polypes sont peu nombreux, d’éviter l’apparition d’un cancer, dans tous les cas, de retarder l’échéance de sa survenue.

Il y a deux situations bien différentes :

  • celle où le cancer apparaît malgré les traitements précédents, donc après la découverte de l’existence de polypes et
  • celle où le cancer apparaît d’emblée, sans qu’on ait eu la notion de polypes.

4.1. Cancers provenant de la dégénérescence d’un polype

Dans ce cas, le diagnostic de cancer est effectué grâce à l’analyse des prélèvements biopsiques effectués lors des cystoscopies régulières. Lorsqu’il n’est pas dégénéré en cancer, le polype demeure superficiel, c’est-à-dire qu’il n’envahit pas en profondeur le muscle vésical. Lorsqu’il dégénère en cancer, celui-ci envahit la vessie en profondeur, c’est-à-dire le muscle et même parfois au-delà, c’est-à-dire l’ensemble de la paroi vésicale. Au tout début, c’est donc l’anatomopathologiste qui portera le diagnostic de dégénérescence cancéreuse, si les prélèvements biopsiques ont été réalisés dans les meilleures conditions. C’est souligner la nécessité que vous soyez correctement pris en charge et régulièrement suivi par un service d’urologie compétent.

4.2. Cancers découverts d’emblée

La situation précédente n’est pas exclusive. Dans certains cas la découverte du cancer aura lieu d’emblée, soit que les polypes vésicaux aient été méconnus, soit que le cancer se soit développé directement à partir de la muqueuse vésicale.

Dans de tels cas, le diagnostic de cancer peut être encore précoce, mais il peut être aussi plus tardif. les signes d’alarme sont comme précédemment, l’existence de douleurs en urinant, de troubles urinaires divers (pollakiurie, dysurie etc…), d’infections urinaires à répétition (cystite), et surtout de saignements urinaires (hématurie), qui, mêmes s’ils sont minimes ou peu fréquents, doivent impérativement conduire à réaliser une cystoscopie. Car là aussi, dans tous les cas, le diagnostic ne peut reposer que sur la pratique d’une cystoscopie avec étude anatomopathologique des prélèvements biopsiques.

Dans la très grande majorité des cas, le diagnostic de cancer aura été établi grâce à la compétence de votre urologue. C’est donc toujours à lui qu’il faut faire confiance.

Pour en savoir plus sur votre maladie, en préciser l’extension, et décider du meilleur traitement, votre urologue vous proposera trois types d’examens.

  1. une prise de sang, pour évaluer vos fonctions rénales et votre état général ;
  2. une recherche de microbes dans les urines, pour savoir s’il y a ou non une infection urinaire associée ;
  3. des examens d’imagerie : une échographie pelvienne, un scanner pelviabdominal, une scintigraphie osseuse, éventuellement une IRM, surtout une urographie intraveineuse (UIV), si vous n’êtes pas allergique à l’iode, afin d’obtenir des informations, non seulement sur votre cancer, mais aussi sur la fonction dynamique de vos reins.

Si la maladie est purement localisée à la vessie, le traitement de choix est la chirurgie. Celle-ci consistera à en réaliser l’ablation partielle ou totale (cystectomie partielle ou totale). Votre chirurgien décidera alors la meilleure façon possible pour refaire une néovessie, afin de remplacer votre vessie naturelle, qu’il aura extirpée.

Compte tenu de la difficulté de l’intervention, lorsque la maladie est localement avancée, certains ont proposé de remplacer la chirurgie par une radiochimiothérapie d’emblée.

Dans un tel cas, votre urologue vous confiera à un radiothérapeute pour qu’il vous irradie, tout en administrant simultanément à la radiothérapie, des séances de chimiothérapie. Cependant, que vous ayez été ou non initialement opéré, il faudra toujours compléter le traitement par une irradiation du pelvis, en cas d’atteinte ganglionnaire.

Dans certains cas, votre maladie aura malheureusement été découverte tardivement, et celle-ci peut même avoir déjà disséminé aux os ou à d’autres organes. Il faut alors se résoudre d’abord à l’administration d’une chimiothérapie, qu’on complétera secondairement à la demande par des séances de radiothérapie ou même, si cela est possible, par une intervention (cystectomie partielle ou totale). Dans de tels cas, vous serez donc pris en charge d’abord par un cancérologue (oncologue médical), puis par un chirurgien et/ou un radiothérapeute. Il faut savoir que les cancers de la vessie bénéficient actuellement des progrès de la chimiothérapie, grâce en particulier à l’utilisation d’un nouveau médicament : la Gemcitabine.

La réponse est malheureusement non, car la cystoscopie est un examen qu’on ne peut proposer à titre systématique à de nombreux sujets apparemment bien portants. Le seul dépistage ici possible est donc un dépistage orienté, visant à faire l’ablation des polypes vésicaux, lorsqu’existent des signes d’appel.

La réponse est ici clairement oui, compte tenu du fait que le tabagisme en est une cause favorisante, de même que certaines expositions professionnelles (colorants etc…).

Eviter l’apparition des cancers de la vessie devrait donc pouvoir se faire, en luttant vigoureusement contre le tabagisme, en veillant à diminuer la pollution chimique de notre environnement et en particulier en veillant à supprimer les facteurs de risque professionnel. C’est dire tout l’intérêt que doivent revêtir ici les mesures de prévention technique en pratique professionnelle, dans le cadre d’une réelle politique de Santé au travail.